En matière de lutte contre le réchauffement climatique, je suis à la recherche de quelque chose qu’à ce jour je n’ai pas trouvé. Une sorte de document fictionnel hypothétique. Peut-être ai-je tout simplement mal cherché ? J’en appelle à votre aide !

Vous le savez, on dépense beaucoup d’énergie et de temps à expliquer au plus grand nombre que nous avons un problème avec le climat. C’est important. Mais je trouve que l’on n’en dépense pas assez à montrer des solutions.

Bien sûr, on parle beaucoup des objectifs à atteindre, des mesures à prendre, des attitudes à adopter. Mais j’ai l’impression que l’on ne montre jamais des trajectoires chiffrées complètes de sortie de crise.

Laissez-moi expliquer ce que j’entends par là.

On évoque souvent le point de départ : que faut-il faire maintenant (lois, mesures, décisions, comportements).  On parle souvent du point d’arrivée : là où l’on souhaiterait être dans 50 ans, et bien sûr, là où on risque de se retrouver si on ne fait rien.

Mais on parle assez peu de ce qu’il y a entre les deux. Les détails des trajectoires politico-technico-socio-économiques possibles qui nous feraient sortir de la crise.

Bien sûr la fiction nous présente parfois des trajectoires, mais qui sont en général négatives, et dont le but est de nous montrer ce qu’il va se passer si on ne fait rien. C’est important, mais il me semble que ça ne suffit pas.

De l’autre côté le GIEC nous présente aussi des trajectoires, certes. Mais ces trajectoires portent (à ma connaissance) quasi uniquement sur le résultat final : le climat lui-même, ou le niveau d’émission global de CO2.

Je n’ai pas connaissance de document présentant, sous forme de trajectoire temporelle, des propositions chiffrées de décisions à prendre, moyens à mettre en oeuvre, changements à opérer, ainsi que leurs conséquences chiffrées et progressives au cours du temps. Idéalement d’une façon suffisamment granulaire sur le plan géographique et sectoriel.

Bien sûr, je suis bien conscient que détailler une telle trajectoire aurait forcément un aspect arbitraire et incertain, et surtout hautement non-unique. Il n’existe évidemment pas UNE seule trajectoire permettant de sortir de la crise climatique. Mais il me semble que cela aurait une valeur d’en détailler une voire plusieurs, pour inspirer et montrer leur existence.

Au risque d’être un peu lourd et utopique, voici le genre de chose que j’aimerai voir : un document qui détaille année après année (disons de 2020 à 2070) et de façon chiffrée les évolutions politiques, sociales, techniques et économiques qui permettront une sortie de crise.

Une sorte de gigantesque ligne temporelle remplie de trucs du genre :

  • 2025 : la Bolivie installe X GigaWatts de panneaux solaires supplémentaires, portant son mix énergétique à …
  • 2027 : la moyenne de température de chauffage de logement aux USA est de X.
  • 2028 : Interdiction en Chine des vols aériens de moins de X km, le traffic aérien mondial est alors de Y passagers.km, pour un total d’émission de Z.
  • 2033 : La taxe carbone mondiale passe de X à Y. Le niveau d’émission est de Z.
  • 2035 : les importations de fruits et légumes de la France sont de X. Le taux d’emploi du secteur industriel est de Y. La distance moyenne parcourue chaque année est de W.
  • 2037 : La production de moutons en Australie est de X, pour une émission estimée de Y. La consommation mondiale de mouton est de Z.
  • 2041 : le parc de voiture électrique en Italie est de X. Construction de Y km de ligne ferrée pour une consommation totale de Z.
  • 2043 : la dernière centrale à charbon russe ferme…
  • etc.

avec les courbes d’évolution de la demande, des émissions, des infrastructures, des normes, des structures sociales etc. sur l’ensemble de la période, et par secteur et zone géographique.

Cet immense document hypothétique présenterait année après année l’état du monde sur le plan économique (secteurs, activité), des infrastructures (logement, transport, industrie), social (revenus, emploi, consommation), techniques (technologies disponibles, déploiement), etc.

Le but d’un tel document ne serait pas politique ou normatif (en mode « voici ce qu’il faut faire »), mais juste inspirationnel. Ce serait plutôt pour faire comme les mathématiciens quand ils démontrent qu’il existe une solution. Ca ne dit pas que c’est l’unique ou l’optimale, mais ça montre qu’il y en a.

Bien sûr, je suis parfaitement conscient que ce que je demande est énorme, et donc quasi-impossible sous cette forme. Mais sans aller jusque là, j’avoue ne rien connaitre qui s’en rapproche ne serait-ce qu’un peu. En tout cas rien qui — à ma connaissance — aille bien au-delà des courbes d’émissions de CO2 souhaitable au niveau mondial et du catalogue de mesures.

Ca pourrait même être une oeuvre de fiction ! (Mais ce ne serait probablement pas très palpitant sur le plan romanesque.)

Ce billet de blog est donc un appel à l’aide, si vous avez des pistes pour m’aider, je suis preneur !

(Je rappelle : pas juste un résultat final, pas juste des intentions pour aujourd’hui : *une* trajectoire chiffrée possible des évolutions politico-technico-socio-économiques sur un périmètre mondial…et qui finisse bien si possible !)

55 Comments

    • Je ne conseillerais pas du tout le Shit project, franco-français, basé sur une écologie punitive et dogmatique et qui contient de très graves erreurs factuelles. Les émissions de la France, moins de 2% (de mémoire) du total mondial, ceci ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire ici, juste que l’approche Shift est, pour cette raison et d’autres, pas du tout ce qu’il faut faire (très nucléaire aussi, on aime ou on aime pas, sur ce point j’aurais tendance à être d’accord, sans aucun nucléaire, cela paraît difficile d’y arriver). Les seuls vraiment solides sont l’Agence Internationale de l’Energie, la COP (avec des trajectoires par pays), qui offre une perspective globale: le CO2 émis à Pekin a autant d’impact à Paris (et lycée de versailles).

      • « Punitif et dogmatique  » hou hou voilà ça commence bien mais c’est celui qui dit qui est ! Méchant va !

      • Pourquoi une « écologie punitive et dogmatique » ? Je suis également intéressé par le détails des « très graves erreurs factuelles » pour enrichir mon opinion.
        Je suis tout à fait d’accord sur le fait que ce n’est pas la transformation de l’économie française qui va résoudre le problème climatique mais j’ai du mal à voir en quoi ça disqualifie les proposition du Shift project. Ce sont justement des propositions qui visent à remplir les objectifs de la France vis-à-vis de l’accord de Paris décidés à la COP.

      • L’AIE est un organisme « légèrement » influencé par les États Unis. Je n’irai chercher aucune solution de ce côté.

        L’Association The Shift Project a pour ambition de nous faire transiter de manière réaliste et pragmatique. Le résultat de ses travaux sont publics et s’il y a des choses à critiquer, il faut ke faire directement auprès d’eux.

        Je ne vois rien de « punitif et dogmatique « . ce sont des ingénieurs qui raisonnent à partir des d’innées, mesures et faits.

        Même si c’est à l’échelle de la France (et encore heureux car chacun doit balayer devant sa porte), ils ont souvent exprimé l’ambition que nous (pays ocde) puissions montrer l’exemple et entraîner d’autres pays moins armés pour appréhender ces sujets (scientifiques et techniques à dimension sociale et societale)

  1. Benoît BIELOOSEROFF Reply

    Bonjour David,

    Je connais quelque chose qui se rapproche un peu de ce que tu recherches, il s’agit de l’atelier 2tonnes. C’est une sorte de jeu dans lequel les participants simulent une trajectoire en CO2 en prenant des décisions à la fois personnelles mais aussi collectives en se mettant à la place des gouvernements. Ce n’est pas année parannée mais tous les 4 ans de mémoire et le format n’est pas vraiment celui que tu cherche mais eut être qu’en rentrant en contact avec quelqu’un de la bas il pourrait t’aider notamment en te donnant les sources et les chiffres utilisés pour cet atelier .

    • Ca c’est très intéressant, c’est ce qu’on appelle la théories des jeux, très utilisée en économie et pas mal en fait (mais plutôt pour des comportements à l’échelle micro, pour reprendre une image avec laquelle David est familier, c’est la physique quantique). J’ai fait cela dans ma carrière, des genres de War games pour essayer d’anticiper comme la concurrence va évoluer sur un secteur (souvent on se trompe!). Oui, peut-être une piste à explorer. Le problème, comme en physique quantique, David va adorer!, c’est que les prévisions ont un impact sur le comportement des acteurs. Imagine: David devient tellement connu que (presque) tout le monde croit à ses prédictions comme probables. Alors, il y a des gens qui vont dire: ben, si David a raison, il va se passer ça et ça! Donc, moi, je vais agir autrement, soit pour profiter de cette situation, soit pour m’y adapter. Et le scenario de David, précisement parce que bcp de gens y croient, ne va pas se dérouler comme prévu! Cet effet, très connu pour prévoir les prix su pétrole par exemple, fait que l’on se gourre presque toujours (sauf à très long-terme, le pétrole, y en aura presque plus à un moment, donc il sera cher…oui, mais quand?)

  2. Jonathan Gandy Reply

    Je n’ai jamais vu une telle trajectoire non plus au niveau mondial, et j’avoue que ça m’intéresserai beaucoup. Ce serait un sacré gros boulot.

    Au niveau français, ya la SNBC mais je crois que c’est assez light.
    Et ya le Plan de Transformation de l’Economie Française sur lequel est en train de travailler le Shift Project.

    • Je m’étais intéressé au scénario négawatt il y a quelques années. De mémoire, leurs propositions sont malheureusement basées sur des valeurs de surfaces de forêts exploitables et de rendements pour ce qui est de l’utilisation de l’hydrogène-énergie proches du fantaisiste.

  3. Je ne suis pas sûr que ça corresponde vraiment à ta recherche, mais ce n’est pas non plus si éloigné. Il s’agit d’un article que j’ai trouvé intéressant car il tente d’évaluer le coût à venir des technologies de recapture du carbone et les investissements (rapportés au PIB) qui seraient nécessaires pour que ce soit bien une des dimensions faisables pour une sortie de crise climatique future. Certes il ne s’agit que d’un aspect des stratégies de sortie de crise (la recapture), mais le calcul est transparent et s’attache à être réaliste. Bref en tout cas le voici :
    http://cognitivemedium.com/dac-notes?fbclid=IwAR1-0DS5TaRGHtdS-_FW052RQyrPyeudbzNUtVbaxxbbK9eB3sICj65eZ6A

  4. C’est sans doute hors sujet mais comme tu (je sais pas pourquoi le tutoiement vient naturellement, sans doute parce que ça fait des années que je regarde tes vidéos ?) parles d’un projet de fiction je pense que ça t’intéressera quand même, même si c’est une frise qui n’est pas liée qu’au développement durable.
    C’est futuretimeline.net, un site tenu par une communauté très active, qui utilise différents articles scientifiques (et sans doute d’autres moins scientifiques, je n’ai pas fait de fact checking) pour prédire de possibles évènements dans les années, décennies (et plus mais ça t’intéressera moins) à venir.
    Voilà, sinon je me régale toujours devant tes vidéos donc merci pour ça !

    • Hello.
      Fort de ce blind spot, il me semble que le GIEC dans son nouveau rapport ne parlera plus de RCP mais de SSP, pour se rapprocher de ce que tu recherches (sans proposer un niveau de detail mathématique auquel tu sembles aspirer)
      En esperant que cela te serves
      Salut !

  5. Bonjour David,

    c’est un peu hors sujet, mais cela peut t’intéresser : il existe un jeu qui a pour vocation d’imaginer, à l’échelle du citoyen français, des habitudes de vie compatible avec un objectif de 2 T d’émission CO2 équivalentes par an. Cela a pour but d’être utilisé lors d’ateliers collectifs et s’appelle « Inventons nos vies bas carbone » (https://www.resistanceclimatique.org/inventons_nos_vies_bas_carbone).
    Pour mieux répondre à ta question, il te faudrait la version « Inventons notre vie bas carbone – version dirigeant d’un état ».

    Cordialement,

    Florian

  6. PHILIPPE VIAS Reply

    Bonsoir
    En fait c’est très difficile car les paramètres évoluent. Des chercheurs du MIT qui ne sont pas réputés pour leur amateurisme déclarent pouvoir maîtriser la fusion nucléaire avec un rendement de 1 à 5 en 2035…. Vous êtes bien plus compétent que moi pour en définir les conséquences. Pour tout vous dire je suis un adepte de l’Ecomodernisme qui veut défendre le principe que la science et la technologie peuvent résoudre le problème du réchauffement climatique a contrario d’une idéologie décroissante et technophobe.

    • Sur la fusion nucléaire, j’ai gardé précieusement un n° de Science & Vie de 1958 expliquant que des scientifiques très sérieux prédisaient l’électricité nucléaire par fusion dans 50 ans. L’échéance est dépassé depuis une décennie. Le projet international ITER ne prévoit pas la mise en marche d’une – j’hésite sur le terme à utiliser – centrale ou plutôt d’un labo de grande taille avant les années 2030. Ces solutions trop complexes sont victimes des rendements décroissants (lire Joseph Tainter là-dessus par exemple), et je ne parierai pas là-dessus.

  7. Bonjour David,
    Cela n’existe pas à ma connaissance à l’échelle mondiale, toutefois, il existe des éléments aux échelles nationales qu’il faudrait compiler.
    Un premier pas dans cette direction serait d’analyser les NDC (National Determined Contributions) des pays signataires de la COP21, puis les déclinaisons opérationnelles de ces NDC dans les politiques de chacun d’eux.
    De tels trajectoires sont éminemment politiques… et donc ces déclinaisons ne sont bien souvent que partielles au fur et à mesure de la prise de conscience par le politique de la différence entre les objectifs qu’il se fixe et les impacts réels des politiques mises en oeuvre… Il suffit de voir le nombre de lois Climat/Energie qui se succèdent en France, chacune apportant leurs lots d’exigences de court et moyen termes complémentaires pour ajuster la trajectoire sur la cible que le pays se fixe.
    Ces NDC combinées aux lois stratégiques nationales permettent de passer des objectifs « émissions » aux trajectoires sur les taux d’ENR, baisse des consommations sectorielles, décarbonation des transports, urbanisation, …
    En faire une compilation cohérente pour un pays est déjà un travail conséquent… alors à l’échelle mondiale…
    Ceci étant, ce serait en effet un travail très utile à de multiple titres!

  8. GUITARD Thomas Reply

    Se que tu demande ne serait-ce pas les fausses promesses des COP?!!
    Il doit y avoir pas mal de doc.
    Si non pour ne pas énumérer une infinité de mesures a prendre, je n’en citerais qu’une.
    La première économie est ce que l’on ne dépense pas.

  9. Hubert Houdoy Reply

    Je comprends bien ta question.
    Cela rejoint un ancien et énorme problème des modèles économétriques que vendaient des sociétés de conseil, d’informatique et de simulation. Chacun pouvait acheter le logiciel pour faire ses propres simulations sur l’évolution du prix du pétrole (pour un trader) ou sur le développement de son pays (pour un ministre de l’économie en chambre). Ce qui manquait à la pertinence de toutes ces simulations, c’est la prise en compte des interactions inévitables entre tous ces projets. Car c’est de là que vient l’incertitude en économie.
    Ta question recouvre parfaitement ma réaction à l’égard des collapsologues. Ils se posent de bonnes questions. Ils essayent de mettre bout-à-bout des articles scientifiques de bon niveau, mais dans des domaines isolés. Pour faire de la collapsologie, il faudrait une communauté de chercheurs et d’instruments semblables à celles qui ont découvert le boson scalaire au CERN, à celle qui a étudié le CMB avec le satellite Planck, à celle qui a mis en évidence les ondes gravitationnelle, à celle des climatologues dont le GIEC n’est que la partie immergée.

  10. Ou là, là. C’est très compliqué votre question et en fait impossible réellement, à moins d’avoir un gouvernement mondial centralisé qui planifierait tout, y compris la production de moutons en Australie (et l’allocation des quantités), le nombre de vols intérieurs en Chine…etc. A a déjà essayé l’hyper-centralisation de ce type en Union Soviétique par exemple, bon, ça a pas super marché (d’ailleurs, au passage, les performances environnementales de l’ex URSS étaient désastreuses, sans m^me parler des restrictions de liberté et du niveau économique très faible). Comme le souligne un internaute, il y quand même a les lignes directionnelles de la COP quand même (je comprends son agaçement, mais des choses sont faites, surtout en Europe et d’autres régions commencent à bouger sérieusement). De manière générale, sur les scenarios, l’AIE fait du bon boulot (je suis leur travail depuis…..35 ans, et leur puissance analytique est 1000 fois meilleure, même si certaines de hypothèses de base, très politiques, comme la croissance économique par an, peuvent être contestées).

  11. Patrick Marchal Reply

    C’est difficile de faire une telle prédiction. Mais ce serait un bon sujet de jeu vidéo pour tester tous les chemins possibles. Il faut en parler à Ubisoft!

  12. il y a Hari Seldon et sa psychohistoire :p

    pour être plus sérieux, il faudrait déjà qu’un modèle existe et permette de prendre en compte le fait que rien de ce qu’on a fait jusque-là n’a eu d’influence notable sur le problème du CO2… et que les moyens pour contrecarrer les émissions de CO2 reposent sur du fossile et des matières premières (qui vont manquer aussi), et ont un impact sur notre environnement qui dépassent le problème du CO2 (biodiversité, érosion des espaces naturels, acidification des mers etc…)
    sur des exemples idiots, on peut se dire qu’isoler les bâtiments, c’est bien… et que cela devrait amener à une réduction de tant de GWh consommés… mais pas de bol, les habitudes changent en même temps que les techniques et l’amélioration des objets qui nous entourent. Les Allemands, même avec un fort investissement dans l’isolation, vivent avec une température légèrement plus élevée chez eux et consomment tout autant au m2 : les effets rebonds apparaissent à chaque fois

    après, c’est quoi le truc, tu cherches des moyens d’être optimiste pour l’avenir ?

  13. Richard NOWAK Reply

    Bonjour,
    Commençons par le commencement.
    Il vous est proposé un outil pour répondre à votre questionnement.
    Analyse de données à partir de (7,7, 8) paramètres.
    Toute Liberté pour formaliser , conceptualiser et enrichir, voir critiquer et simplifier.

    Sur https://projet.lesecologistes.fr/processes/democratievivante/f/2/proposals/456
    Voir CAP 555 pour une nouvelle institution
    et dans documents à consulter le fichier Cap_555_07.pdf (6,4 Mo)

  14. Je ne voudrais pas vous saper le moral cher David, mais ce que vous demandez relève plus de Mission Impossible que d’une recherche sérieuse qui serait basée sur des éléments factuels que l’on serait susceptibles de maitriser dans une certaine mesure.

    Si solution il y a, en ce qui concerne le problème du réchauffement climatique, elle ne peut être que globale, c’est-à-dire mondiale avec une participation active des principaux pays qui sont à l’origine de ce problème. Or ce que l’on peut constater tous les jours simplement en lisant la presse ou en regardant les infos c’est que nous sommes trèèèèèès loin d’avoir une unicité de point de vue sur le sujet et, plus grave encore, de mettre en commun des ressources qui permettraient d’apporter le moindre début de solution.

    Tout ce que l’on constate ce sont des mesurettes, certes louables, mais qui ne changeront pas les choses en profondeur, bref le « système » tel que nous l’avons mis en place il y a environ 200 ans avec la révolution industrielle ne va pas changer au point de modifier de manière significative nos comportements et notre façon de vivre (que nous ne voulons pas trop changer dans les pays développés et que les contrées en développement aspirent à connaitre à leur tour…)

    On peut toujours s’amuser à établir x scénarios qui arriveraient à nous sortir du sable, je ne vois pas très bien en quoi cela nous aidera à trouver comment se sortir du pétrin dans lequel nous nous sommes fourrés. L’addiction à la drogue est quelque chose difficile à soigner, pour l’addiction à notre mode de vie c’est pareil.

    En fait la seule chose qui pourrait nous tirer peut-être d’affaire ce serait une pénurie de ressources fossiles qui arriverait très rapidement, cela stopperait nos émission en limitant la casse pour les générations à venir mais en induisant évidemment quelques conséquences sur notre confort moderne chéri.

    • Hubert Houdoy Reply

      Comme vous le faites remarquer, une telle étude ne pourrait être que financée par une instance mondiale pour une mise en oeuvre mondiale.
      Les 200 ans de la révolution industrielle sont responsables de l’émission de CO2 depuis que l’on brûle du bois puis du charbon dans les machines à vapeur puis du pétrole dans les moteurs à explosion.
      Mais il ne s’agit pas seulement d’une dépendance à un mode de vie comme à une drogue.
      L’absence de réaction collective vient d’une vision qu’Homo Sapiens Demens a de lui-même et du monde, en se croyant le centre du monde, sous prétexte qu’il est au centre de son champ de vision.
      Dans ses obstacles à la connaissances (« A la recherche de l’Univers invisible : Matière noire, énergie noire, trous noirs »), David Elbaz parle d’une illusion du cinquième type ou illusion narcissique, qui nous empêcherait de voir l’Univers et notre place comme ils sont.
      Outre l’accoutumance à un mode de vie addictif, il faudrait vaincre cet obstacle épistémologique. En effet, les scientifiques n’étant plus scientifiques que le reste de la population uniquement pendant les heures de bureau et surtout quand ils écrivent pour publier dans « Nature » ou « Science », en dehors des heures de bureau ils ne sont pas toujours bien placés pour expliquer la situation de l’humanité dans l’Univers.
      En gros, yaka commencer à voir les choses en face.
      Le reste suivrait (comme l’intendance).

  15. Michel BERNARD Reply

    2045 : La guerre nucléaire fait passer la population mondiale de 10 Gh à 5 Gh résolvant du coup l’impact anthropique du CO².. Ouf on est sauvé.

  16. Bonjour, il y a cette étude de l’Insee sur l’estimation macroéconomique de l’effort en points de PIB pour respecter les accords de Paris (https://www.insee.fr/fr/statistiques/4770128?sommaire=4770254). C’est très loin d’être un scenario détaillé de soutenabilité environnementale, mais ca pose déjà un niveau d’investissement rapporté au PIB, ce qui n’est pas rien, en plus d’adresser la question de l’équité intergénérationnelle.

  17. Olivier Givaudan Reply

    Comme l’a écrit Lucas, un point de départ (mais vraiment de départ) pourrait être les trajectoires socio-économiques partagées (Shared Socio-economic Pathways) du GIEC.
    Mais il me semble qu’il y a un problème de causalité / d’interaction avec ces scénarios : ils sont utilisés comme intrants (inputs) pour prédire le futur niveau des émissions des gaz à effet de serre, mais il ne me semble pas y avoir ensuite de boucle de rétroaction de ces niveaux d’émissions (et donc de concentration) sur ces trajectoires socio-économiques initiales…

    https://en.wikipedia.org/wiki/Shared_Socioeconomic_Pathways?wprov=sfla1

  18. Merci pour cet article posant la bonne question. Je me la pose aussi et j’ai essayé d’y répondre. Je n’ai pas les éléments et les compétences pour bâtir la trajectoire, désolé. Mais j’ai quelques idées pour définir le but, non pas en CO2 ou autres indices, mais en orientations à prendre pour sortir de la crise climatique mais aussi pour donner la priorité absolue au vivant.

  19. Jean-Charles Reply

    La question me semble d’autant plus délicate qu‘il n‘existe pas, a ma connaissance, de liste de mesures ayant clairement un impact positif sur le réchauffement climatique. Par exemple l’installation de panneaux solaires a un impact positif s‘ils travaillent en complément d‘une centrale à charbon existante, mais negatif s‘ils viennent en augmentation de puissance ou en remplacement d‘une centrale nucléaire car ils devront alors être doublés d‘une centrale à gaz.
    Le plus éclairant que je connaisse sur le sujet est le site de Carbone4 et les vidéos youtube de Janvovici un de ses fondateurs

    • Michelange Baudoux Reply

      Jancovici à Sciences Po, sur youtube, quelle claque !

  20. Bonjour,
    Ce n’est pas impossible à faire, surtout si l’on prend comme règle de départ qu’un document approximatif est mieux que pas de document du tout, et qu’il s’agit bien de trajectoires à étudier et non pas de prédictologie.
    J’avais commencé à réaliser ce type de document il y a 15 ans ; je n’ai guère poussé loin dans la mesure où il me paraissait un peu simple pour être convaincant/utile, et aussi qu’il me manquait un fond de connaissances sur les producteurs de GES autres que l’industrie lourde et le transport. J’ai perdu toute trace de ce document.

    Par ailleurs, il m’a semblé que, puisque j’avais été capable de faire la moitié du chemin seul, je fus convaincu que ce document a été fait, avec bien plus de réalisme que je n’en étais capable, par une ou plusieurs équipes de professionnels. Que ce(s) document(s) ne soient jamais parvenus à la surface est un enseignement.

    Si ça t’intéresse vraiment, je suis prêt à collaborer à un nouveau document sur les mêmes bases, à savoir le budget énergétique de la planète, présenté sous forme de tableur par BP, et remis à jour chaque année. Il est lui-même une belle bête, et il faut compter quelques centaines d’heures de travail pour l’exploiter.

  21. Bonjour David,

    Merci pour tes vidéos et tes billets de blog.
    Je ne l’ai pas encore utilisé, mais je pense que ce simulateur peut aider à répondre à une partie de la question.

    https://www.climateinteractive.org/tools/en-roads/

    Mais je ne crois pas que l’on puisse remonter à des données locales (qui sont pour le moins toujours un peu incertaines)… Courage.

    Flocon

  22. Valentine Reply

    Bonjour David,

    En lisant votre recherche, j’ai immédiatement pensé à une vidéo sortie en mai 2020, qui selon moi est vraiment inspirante. Il s’agit d’une fiction d’une dizaine de minutes, réalisée par Vincent Verzat et son équipe, visible sur leur chaîne Youtube « Partager c’est sympa » : https://www.youtube.com/watch?v=KB30j_igzyQ

    La vidéo propose au spectateur un état de la société en 2030 et raconte les jalons qui, en une décennie, ont permis d’atteindre ce qui donne son titre à la vidéo : « un avenir désirable ». Les étapes décrites sont concrètes et semblent plausibles et accessibles.

    C’est vraiment un document qui – de mon point de vue – transmet de l’espoir. Le fait de représenter le futur et de proposer un scénario d’évolution permet de commencer à penser l’impensable. En outre, je trouve que cette courte vidéo donne de la crédibilité au pouvoir potentiel des « non-décideurs » : le peuple. Le résultat est galvanisant, en dépit de toutes ses limites prospectives.

  23. Jean-François Reply

    Bonjour David,

    je reformule ta quête : Trouver un document qui propose une trajectoire de sortie de crise. Peu importe que cette trajectoire ait tel ou tel parti pris mais au moins montrer qu’une trajectoire peut exister.

    Et bien je pense que la production d’un tel document est largement à ta portée et n’est pas extrêmement complexe à réaliser en adoptant les principes suivants :

    1) tous les pays emettent autant de CO2 qu’ils le veulent.
    2) Un consortium internationnal gère une flotte de lanceurs spatiaux qui déploient des voiles ultrafins et très grands permettant d’affaiblir le rayonnement solaire reçu par la planète.
    3) La température planétaire est régulée à un niveau convenu entre les pays.
    4) Le financement du consotium est fait proportionnellement aux PIB et est globalement une belle économie puisque les « catastrophes » sont évitées.

    Et pourquoi pas ?

  24. Jean-François Reply

    Une variante au point (2) :

    (2) Un consortium international a pour mission de collecter les déchets plastiques des océans et de produire avec de petits radeaux blancs qui, en très grands nombre, modifient l’albedo de la planète.

  25. À moins d’y mettre la puissance cérébrale de tous les scientifiques du monde, la tâche me paraît insurmontable malheureusement. Trop de variables, trop de données et trop de paramètres sont à prendre en compte, catastrophes naturelles, pandémies, nouvelles ressources ou technologies miraculeusement découvertes, décisions politiques, démographie, mouvements migratoires, guerres, révolution spirituelle, etc. Il faudrait être devin pour anticiper l’avenir de l’humanité au travers de courbes, même avec tout ce que l’on a compilé de connaissances sur le contexte climatique actuel.

    Un exemple bête qui a modifié le monde en quelques mois : le COVID. Et, honnêtement, qui aurait pu le prévoir?

    Plus les ressources énergétiques vont manquer, plus l’érosion du vivant va s’accentuer et plus vont survenir des événements imprévisibles fort désagréables. Y survivre, nous y parviendrons sans doute, d’une manière ou d’une autre, mais avec quelles pertes? Aujourd’hui, quoi que l’on envisage, éviter les souffrances qui nous attendent les 5 prochaines décennies ne sera pas possible. Pas pour tout le monde, du moins…

    Je prépare, depuis environ trois ans, un roman d’anticipation situé autour des années 2120. Autant te dire que je cogite activement sur la question ! Plus j’y travaille, plus je suis pessimiste.

    • Jean-François Reply

      Bonjour,
      Si l’on se pose la question en terme de réduction des émissions de CO2 il y a sans doute de quoi être pessimiste. Mais le problème n’est pas le CO2, c’est le réchauffement climatique et là je suis certain qu’il y a de belles pistes envisageables. A cible de 2120 l’humanité régule le rayonnement solaire et ça se passe bien.

      Par ailleurs je reprends votre affirmation « Plus les ressources énergétiques vont manquer … ». Il y a un paradoxe à affirmer que les ressources énergétiques vont manquer sur une planéte qui chauffe de plus en plus. Certaines formes de stockage de l’énergie sont consommées et leur stock décroit (pétrole, uranium) mais notre soleil suffit largement à nous alimenter et même un peu trop. Travaillons mieux à utiliser son énergie et alors oui on peut tout à fait être optimiste.

      • Bonjour Jean-François.
        L’urgence absolue, dont découlera tout notre avenir, c’est précisément la réduction des émission de gaz à effet de serre, donc de CO2, puisque ce sont ces émissions qui modifient le climat (voir dernier compte rendu du GIEC).
        Ceci dis, je vous souhaite de rester optimiste le plus longtemps possible. Dans le contexte actuel, c’est un sacré défi 🙂

        • Jean-François Reply

          Chère Cécile,
          j’entends tout à fait ce que vous dites. Je déplore juste la mono-pensée généralisée nous confinant à l’unique voie de la réduction d’émissions des gaz à effet de serre. Oui c’est la cause du réchauffement il y a tout à fait consensus sur ça. Mais pourquoi ne pas réfléchir à d’autres leviers de réduction de la température ? nous piégeons trop de rayonnement solaire OK. Comment en piéger moins ? Réduction des émissions des GES on peut s’y atteler mais on s’entrave éternellement avec les intérêts économiques de court terme et cette difficulté ne va pas s’évaporer dans les décennies à venir malgré les incantations grandissantes. les objectifs ne sont jamais tenus. On peut tout à fait être pessimiste sur l’avenir si on ne table que sur cette voie. Alors pourquoi ne pas envisager d’autres voies qui seront certes coûteuses mais n’entraveraient pas l’économie ? Changer l’albedo de la planète est-il si inenvisageable que cela ?

          • Cécile

            Changer l’albedo … C’est une idée, en effet. Cependant, je vois mal quelles solutions humaines seraient en mesure de remplacer la réflexivité des sommets neigeux qui fondent, des glaciers qui disparaissent et des territoires polaires qui s’effritent ! Même peindre tous les toits du monde en blanc resterai dérisoire. Il faut raison garder et retrouver un peu d’humilité.
            Je pense, pour ma part, qu’il est urgent que l’être humain cesse d’intervenir partout en faisant n’importe quoi, que nous cessions de rechercher toujours de nouvelles technologies dont les conséquences dérapent à chaque fois, que nous cessions de vouloir à tout prix tout maîtriser, car, la vérité, c’est que nous ne maîtrisons rien : ni notre pollution, ni notre démographie, ni nos conflits, ni la Nature… Il faudrait s’arrêter un peu pour réfléchir à notre place dans ce monde et cesser de nous agiter dans tous les sens. Selon moi, l’unique voie possible est celle de la sobriété.
            L’économie sera belle quand tout sera détruit, brûlé, inondé. Mieux vaudrait en modifier nous mêmes les mécanismes, réduire volontairement notre soif de confort et de machines, plutôt que de subir son effondrement, non ?
            Enfin, vaste sujet… et vastes bouleversements en perspectives !
            Tout cela est vertigineux, car tout reste à réinventer, et notre rapport aux autres êtres vivants en premier.

  26. J’ai essayé de répondre à ta question dans un document assez long sous forme de pdf ou plutôt d’apporter des éléments pour y répondre.
    Il est accessible via le lien suivant: https://christian-roze.fr/blog/index.php?type_page=page_site&param1=1&param2=54
    Ci joint Table des matières de ce document mal mis en forme.
    Introduction………………………………………………………………………………………………………………..2Réduire notre consommation d’énergie……………………………………………………………………………………3Maître mot: Ralentir…………………………………………………………………………………………………………3Domaine de la mobilité……………………………………………………………………………………………………..3Se rendre au travail………………………………………………………………………………………………………3Se déplacer dans le cadre de son travail…………………………………………………………………………..4Se rendre à l’école ou à l’université………………………………………………………………………………..5Faire courses et emplettes (ou se faire livrer)…………………………………………………………………..5Se faire soigner…………………………………………………………………………………………………………….5Faire du sport………………………………………………………………………………………………………………6Se distraire, s’amuser, retrouver des proches……………………………………………………………………6Domaine de l’industrie et des services………………………………………………………………………………..6Résister à la publicité……………………………………………………………………………………………………7Interdire ou limiter la publicité………………………………………………………………………………………7Rendre la production écologique……………………………………………………………………………………7Domaine de l’agriculture…………………………………………………………………………………………………..7Domaine de l’élevage……………………………………………………………………………………………………….8Domaine de l’éclairage……………………………………………………………………………………………………..8Restriction de l’éclairage dédié à la publicité…………………………………………………………………..8Diminution de l’éclairage systématique des rues et magasins…………………………………………….9Revoir notre emploi du temps………………………………………………………………………………………..9Domaine résidentiel………………………………………………………………………………………………………….9Ni chauffer, ni refroidir mais nous vêtir…………………………………………………………………………..9Utiliser des appareils performants…………………………………………………………………………………..9Diminuer notre besoin de chauffage ou climatisation………………………………………………………..9Préserver le stock de matériaux non renouvelables………………………………………………………………….10Utiliser les énergies renouvelables…………………………………………………………………………………….10Préserver au mieux notre support de vie…………………………………………………………………………………11Préserver et développer la biodiversité………………………………………………………………………………11Respecter notre nature d’êtres vivants……………………………………………………………………………….11Incidence sur l’humain………………………………………………………………………………………………..11Incidence sur le vivant………………………………………………………………………………………………..12Annotations étoilées……………………………………………………………………………………………………………12Index des règles écologiques………………………………………………………………………………………………..13

  27. David,

    Je suis fidèle lecteur du site et ce sujet de l’avenir de notre société pour ne pas dire de notre espèce m’interpelle au plus haut point.

    Je tente une réponse à ta question. Cette réponse ne se base sur aucune sources précise, simplement sur un sentiment né de nombreuses lectures et réflexions. Elle est donc parfaitement subjective et personnelle.0

    Tu n’as jamais vu ce plan car il n’existe pas ou il n’est pas admissible. Les seuls principes durables sont la réduction démographique et la réduction consumériste. Ses principes s’appliqueront avec ou sans notre concentement. Si nous poursuivons notre mode de vie, ils s’appiqueront brutallement. Si nous parvenons à changer de mentalité radicalement, nous auront peut être une certaine maîtrise de notre destin.

    Pour répondre au format que tu proposes, voici une ébauche de plan:

    – 2021 les états unis passent la TVA à 50% pour limiter la consommation outrancière et financer l’éducation, la santé publique et l’agriculture biologique

    – 2021 la chine rétablie la règle de l’enfant unique et l’impose à ses partenaires asiatiques

    – 2021 l’europe interdit l’utilisation de céréales sud américain et non européen dans l’alimentation du bétail

    – 2021 l’europe et les états unis proclament le « right to repair »

    – 2022 l’europe converti ses autoroutes en chemins de fer et pistes cyclables

    – 2021 l’europe impose de facturer les emballages sur les tickets de caisse en plus des produits eux même

    – 2021 L’affrique met un terme à la coruption de ses dirigeants et dirige l’aide internationnale sur l’education et la santé.

    – 2021 fin de l’ensemble des accords de libre échange inter-continentaux

    – 2021 abolition du système de brevet

    – 2031 l’ensemble de ces mesures sont généralisés sur tous les continents

    IMHO, ceux qui misent sur un sursaut technologique soit se leurent soit nous mentent pour nous amener à consommer encore plus (véhicule électriques, smart machin chose); Le progrès technique nous a permi de faire des choses extraordinaires mais n’est pas extensible à plusieurs milliards de personnes.

    Notre impact est dans l’ordre : le transport, l’alimentation, le high tech ; multiplié par le nombre de personnes ayant accès à ce mode de vie (enviable ?).

    Du coup on en vient aux actions que l’on peut mener à titre individuel et imédiatement : ne plus prendre l’avion, privilégier transport public et vélo, manger de la viande deux fois par semaine au plus, manger des aliments produits à moins de 200km, garder et faire réparer ses affaires, louer plutôt que d’acheter, apprendre à faire des choses plutôt que de les acheter. Voter. Car si on veut croire à un plan d’ensemble venu du haut – j’y crois moyennement – il faut se rappeler qu’on a les dirigeants qu’on mérite.

    Tout un programme …

  28. Salut,

    il semble que personne n’ait suggéré pour le moment de partir du modèle dynamique World 3 (le modèle de l’équipe du MIT qui a écrit le rapport « Limits To Growth ») J’imagine les critiques des uns ou des autres, mais le modèle est très complet et il dégage assez bien les dynamiques probables, le timing étant probablement imprécis pour une part.

    Déjà le rapport envisage 12 scénarios et autant l’un ou l’autre réussissait à passer la durabilité en 1972… plus aucun ne passe depuis 1992.

    Ceci étant, rien n’empêche de compléter le modèle, de faire des simulations d’impact avec tel ou tel évènement ou décision, mais il y a fort à parier que l’inertie du système global est telle que les impacts seront limités. On est un peu comme un train lancé à pleine vitesse sur une voie ferrée qui s’arrête à un moment et on cherche le frein… tout en laissant le moteur allumé sans chercher à ralentir la force d’entraînement.

    Le rapport (mise à jour des 30 ans) avec tous les scénarios : http://peakoilindia.org/wp-content/uploads/2013/10/Limits-to-Growth-updated.pdf
    Une bonne explication ici : https://iteroni.com/watch?v=qIcrCezQRA8
    La page wikipédia au sujet du modèle : https://en.wikipedia.org/wiki/World3
    Un simulateur en ligne : https://insightmaker.com/insight/1954/The-World3-Model-Classic-World-Simulation

  29. François Reply

    Bonjour David,
    L’approche par un plan global mondial, catalogue de mesures quantifiées pour coller à l’objectif des pays signataires de l’accord de Paris, se heurte à plusieurs problèmes :
    1/ les pays signataires ont signé avec des arrière-pensées diverses qui tournent souvent sur de la géopolitique ou des données électoralistes, donc peu fiables ; les votes à l’ONU relèvent du même genre de constat.
    2/ l’approche nécessiterait pour être pertinente d’être mise à jour régulièrement, par exemple chaque année, pour prendre en compte les données issues du terrain (évolutions des données du GIEC, qualification des impacts des décisions prises, etc.) : là encore, les données fournies par chaque pays ont un fort risque de contrefaçons ; le suivi de la covid-19 relève du même genre de constat.
    3/ On ne change pas les modèles de sociétés ou de cultures en 6 mois ni même en 10 ans (voir l’historien Fernand Braudel et son temps long), encore moins quand le monde est divisé en 200 pays concurrents qui voient midi à leurs portes. De plus, le monde est actuellement dirigé de fait par Xi Jinping et Joe Biden, les autres pays étant plus ou moins leurs vassaux directs ou indirects. A eux deux, Chine et USA sont responsables d’au moins la moitié de la production mondiale de CO2. Le plan global mondial n’a de pertinence que lorsque ces deux pays décideront de s’y mettre, ce qui n’est pas le cas à ce jour malgré les promesses de l’accord de Paris. Les américains sont très divisés sur la question, avec les allers-retours Obama-Trump et Biden.
    Toutefois, sur les 4 leviers principaux du GIEC, les pays ou organismes à définir pourraient se positionner régulièrement ce qui pourrait donner une première base au plan global. Pour exemple pour la France (1 à 2% des émissions mondiales de CO2), cela donnerait :
    1/ Développer les énergies renouvelables : énergies nucléaire et hydraulique décarbonées, arrêt des dernières centrales à charbon (Cordemais en 2026)
    2/ arrêter la déforestation : la forêt française est passée de 15 à 17 millions d’hectares ces 20 dernières années et continue de s’accroître de 700 000 ha par an.
    3/ alimentation végétale : je vois mal comment on peut forcer les gens : avec une mitraillette ? ça passera peut-être par le porte-monnaie mais ce sera alors vécu comme une inégalité de plus. Sans compter que les céréales sont déjà le pain quotidien de beaucoup et que leur prix est un facteur fort de révolutions (printemps arabes par exemple). Mais on peut aussi en suivre chaque année la consommation dans les populations.
    4/ meilleure efficacité énergétique et sobriété : on peut sûrement mieux faire en France et c’est la vraie marge de progrès mais l’habitat français n’est certainement pas le pire de la planète au niveau isolation. Quant à la voiture, on a vu avec les gilets jaunes que le prix de l’essence était aussi un facteur potentiel fort de révolution.
    Le shift project présente un effort louable à la main des seuls décideurs français, qui pourrait permettre de faire un grand pas vers la transition énergétique française. Mais je pense que le problème ne se situe pas vraiment chez nous, et encore moins évidemment au Mali ou au Costa Rica, mais en Chine et aux USA (50% du CO2 émis). Sauf à croire aux histoires de colibri. Accessoirement, cela peut toutefois nous permettre de prendre un temps d’avance sur le monde de demain car le réchauffement climatique est une donnée scientifique que tous les pays devront tôt ou tard intégrer.
    Enfin, c’est une vieille leçon de management, on ne peut engager de changements profonds (de société, de business model, etc. ) que dos au mur. Et hélas souvent c’est trop tard (voire Kodak pour les entreprises ou l’URSS pour exemples). Or, sauf pour les scientifiques et une minorité de gens au niveau mondial ou français, on n’est pas dos au mur. Et en tous cas, on ne l’est pas pour Xi Jinping et Biden (et encore moins pour Trump si il repasse). Ni pour la quasi-totalité des dirigeants de la planète.
    Je crains que nous soyons partis pour être des colibris qui vont avoir de plus en plus chaud.

  30. François Reply

    Bonjour David,
    J’ai bien conscience que je ne réponds pas à ta demande, mais simplement pour info, vient de sortir le rapport 2022 sur les inégalités dans le monde qui ajoute cette fois-ci un addendum très chiffré des inégalités en matière de climat et d’émissions de carbone.

  31. Bonjour à tous,

    J’ai parcouru l’ensemble des commentaires car je trouve très intéressante la manière dont la question est « digérée » par les uns et les autres (en ayant bien à l’esprit le biais redoutable de l’auditoire de la chaîne génialissime Science Etonnante). Attention, vraiment, aucun jugement dans mes propos ! Je trouve que la manière d’appréhender « le problème » est en soit une question très intéressante, tout simplement.

    Ce que je vois, c’est que la grande majorité des interventions répondent avec des chiffres qui utilisent les indicateurs du système (avec une définition très large de « système » qui recouvre par exemple « système de croyances ») qui nous a directement conduit au diagnostic actuel. Pour ma part – et là c’est une conviction personnelle – je place l’origine des emmerdes à la révolution agricole néolithique, donc je ne peux pas répondre à la question telle qu’elle est posée. Certains commentaires évoquent que le changement arrivera quoi qu’il se passe, et comme il ne pourra probablement pas être anticipé il sera plutôt subi dans la douleur (dépopulation, chaos…). J’ai pas lu de commentaire qui questionne la croyance en la technique et le progrès, et qui suggère de rebâtir des îlots d’humanité tendant à se départir du monde technicien (prendre le maquis quoi). Effectivement ça serait une réponse hors sujet 😉

    Je voudrais juste suggérer d’aller puiser dans le point de vue plus holistique d’un autre intervenant très médiatisé, Aurélien Barrau. Il est loin d’être seul à voir les choses avec un objectif grand angle, disons que son discours est limipde et bienveillant. Si on laisse de côté la dimension éthique (l’équité entre tous les êtres vivants) qui pour le coup n’est pas liée à la question posée, on peut s’impreigner de ce qu’il nous dit de la complexité, l’inextricabilité, les équilibres omniprésents dans le monde vivant dont nous dépendons éperdument. Et prendre conscience que si le réchauffement de la planète est un phénomène clé, il y en a tellement d’autres… Qui dit qu’il est le péril le plus immédiat ?

    Note: pour répondre à un commentaire, Pablo Servigne (et ce n’est probablement pas le seul) avait décrit les pandémies comme une 1001 épées de Damoclès qui pendent au dessus de nos têtes. Il ne s’agit pas d’une maladie effroyablement dangeureuse d’origine assurément fortuite comme la grippe espagnole, mais… Disons qu’on peut prendre le Covid comme une suggestion de ce qui pourrait arriver si un virus réellement dangeureux venait à se balader sur la planète.

    Revenons-en à la question climatique : pour moi c’est loin d’être anodin car si le problème n’est pas bien posé, même les gens bien intentionnés et qui n’ont rien à vendre peuvent prendre faits et armes pour une cause qui en fait est une voie sans issue. Selon moi, bien poser la (remise en) question est la première marche de cet escalier qu’on a devant nous.

    Vous objecterez que je pars peut-être un peu de loin, mais je pense que concernant ce sujet c’est nécessaire. Le génie humain trouve ses racines dans sa capacité à observer, déduire, mémoriser, fonctionner ensemble, être empathique. Au fil du temps, dans les régions du monde où est née la technique, on a évolué pour acquérir de plus en plus foi en notre inventivité, avec hardiesse et enthousiasme. A tel point qu’aujourd’hui alors qu’on sait pertinement que le PGCD de tous les problèmes est justement la technologie (qui conditionne notre manière d’habiter la planète – les grands ensembles plutôt que les petits villages… und so weiter und sofort), on a énormément de mal à questionner cette foi en la technologie. Je trouve la « réduction » omniprésente de la question du devenir de l’humain à l’évolution du climat très sympomatique de ce phénomène.

    Ceci étant, il y a différentes manières d’aborder la question, et je ne remets pas en cause l’approche consistant à envisager des transformations de la société pour juguler la catastrophe climatique (on pourrait l’appeler « la vision Jancovici »). Je pense que même avec les bonnes réponses à cette question là (ex: réduire drastiquement notre consommation d’électricité plutôt que couvrir le sahara de panneaux photovoltaïques) on peut louper la cible.

    Je précise que j’ai un bac+5 en « technologie », que je n’ai pas pris des champotes, que j’essaie d’être rationnel et bienveillant et que j’adore la chaîne Science Etonnante.

    Un immense merci à vous David, pour tout 🙂

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