La vidéo de la semaine est consacrée aux coûts irrécupérables !

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=GCmfXMMhRzk]

Quelques publis pour les gourmands :

Arkes, H. R., & Blumer, C. (1985). The psychology of sunk cost. Organizational behavior and human decision processes, 35(1), 124-140.

Staw, B. M., & Hoang, H. (1995). Sunk costs in the NBA: Why draft order affects playing time and survival in professional basketball. Administrative Science Quarterly, 474-494.

Staw, B. M. (1976). Knee-deep in the big muddy: A study of escalating commitment to a chosen course of action. Organizational behavior and human performance, 16(1), 27-44.

Je vous recommande particulièrement la première qui contient bien d’autres expériences que je n’ai pas décrites dans la vidéo !

28 Comments

  1. J’ai l’impression que pour que ce biais fonctionne, il faut qu’il y ait une notion d’incertitude. Je me demande quels seraient les résultats avec des résultats certains (choix A : tu gagneras exactement tant, choix B tu gagneras exactement temps), sans aucune incertitude.

  2. Yannick P. Reply

    Le week-end séries est gratuit alors que le week-end au ski est payant. On peut penser avoir, malgré les appréhensions, une bonne surprise au ski. On pourra toujours aller la semaine prochaine regarder des séries chez son ami.

    • C’est juste pour illustrer le propos. Les études montrent que le mode de fonctionnement est le même quelque soit les alternatives. Voire même que l’on trouve toujours une bonne excuse pour rattraper de façon hallucinatoire les dépenses irrécupérables.

  3. Sur le week-end au ski, je pense qu’un bon moyen de se rendre compte que l’on ne prend pas la bonne décision est de penser à ce que l’on ferait si le week-end n’avait pas couté 200€ mais avait été gagné.

    En tout cas, personnellement j’ai une plus grande envie d’aller faire ce marathon game of throne dans le second cas…même sachant pertinemment que le choix rationel doit être le même dans les deux cas :p

  4. Comme ça déjà été plus ou moins dit dans les autres commentaires :

    – pour la plupart des gens, le week-end au ski représente une expérience plus unique que le week-end Games Of Thrones, indépendamment du plaisir qu’on en retire à court terme. En général, plus c’est chère, plus c’est difficile à obtenir, donc plus ça a de chances de compter dans les expériences d’un individu

    – l’argent dépensé sur un projet est un indicateur de qualité. L’indicateur est peu fiable, mais est-il moins fiable que des prédictions sur les ventes ou de l’avis d’une entité tierce (ex: lobby) ? Pas toujours. Il n’existe pas d’information 100% fiable « l’avion X est meilleur que l’avion Y ».

    Mais je ne remets absolument pas en question l’existence de ce biais cognitif. Je l’observe tous les jours au travail.

    • « l’argent dépensé sur un projet est un indicateur de qualité. »

      Pas du tout. Dès que vous acquérez un peu d’expérience dans la vente, vous vous rendez compte que c’est faux.

      • Vous avez raté la phrase d’après (« l’indicateur est peu fiable ») ?
        Pour prendre ses décisions, le cerveau combine plusieurs sources d’information. La quantité d’argent dépensée est l’une d’entre elles, et elle est indéniablement positivement corrélée (au sens statistique) à la qualité de ce sur quoi l’argent a été dépensé.

        Et par qualité j’entends bien ce qu’on retire d’un projet une fois l’argent déjà dépensé (i.e. le coût irrécupérable) et pas le retour sur investissement pour quelqu’un qui investit au commencement du projet. C’est la question posée dans la vidéo.

        Prenez l’industrie du jeu vidéo. Le jeu A a déjà coûté 40 millions d’euros. Le jeu B a coûté 30000 euros. Si on n’a pas autres informations sur A et B, il est évident que A a plus de chance de se vendre que B. Si vous êtes l’éditeur des deux jeux, et que chaque jeu a besoin de 5000 euros pour être terminé, mais que vous n’avez que 5000 euros à dépenser, sur quel jeu investissez-vous ?

  5. Concernant l’expérience au ski, je pense que le biais provient comme dit plus haut sur la question de la certitude. Il n’est pas sûr que le week-end au ski sera mauvais par rapport au week-end série (la météo peut se tromper, on peut aller mieux). Et comme un week-end série est facile à organiser, cela peut valoir le coût de tenter le week-end au ski, si jamais l’expérience se révèle bonne.

    Pour l’histoire des projets, c’est très théorique et je pense un peu fumeux par moment.
    Le changement de projet à investir se fait à partir de nouvelles données favorables à un autre. Soit. Mais suivant le temps de développement, la situation économique peut changer dans l’autre sens à nouveau.

    Bref, se baser sur des hypothèses incertains sur l’avenir me paraît être un biais important à cette théorie, il faudrait plutôt une certitude pour que cela fasse sens.

    Typiquement, j’ai eu un cours sur le sujet, et j’ai trouvé un exemple de mes profs plus intéressant de ce côté. Admettons qu’un panel de gens regardent un film pourri, les uns au cinéma (donc payant) et d’autres à la télé. Il est évident qu’au cinéma la plupart des gens vont aller au bout du film. À la télévision, ils vont probablement zapper ou passer à autre chose avant la fin.

    Et cela se vérifie facilement, je pense qu’on a tous vu un film assez moisi au cinéma et on y reste. Tandis qu’à la télé ou sur ordi, personnellement, j’arrête si c’est naze.

  6. Bonjour, sujet intéressant.
    Au delà de l’aspect des incertitudes développé dans les autres commentaires, il me semble intéressant de revenir sur l’exemple de l’investisseur qui s’entête à rester dans le projet dans lequel il s’est déjà engagé.

    Il est indéniable que l’aspect des coûts irrécupérables et de l’engagement entre en jeux, néanmoins, il faut reconnaître un fait important : l’équipe qui a travaillé sur le projet a nécessairement acquis une expérience propre qu’il pourra prendre en compte pour la suite du développement en répondant aux problèmes déjà rencontrés avec plus d’intelligence et de recule.

    Évidemment, cette expérience peut également être intéressante pour attaquer le projet B, mais l’on risque tout de même de buter contre un plus grand nombre de nouveaux problèmes qu’en restant sur le projet A.

    Voilà, pour dire que rien n’est simple dans la vie, néanmoins comprendre ces attitudes sera toujours un plus pour éviter les erreurs.

  7. წკაპო Reply

    Ahaha! J’ai adoré l’avatar de Trump! 🙂

  8. L’exemple du théâtre n’est pas significatif, car ceux qui on payé 15 $ ne savent pas que d’autres ont payé 8 $, donc il est abusif d’en déduire que le plein tarif les fidélise plus que le tarif réduit. Disons plutôt dans cet exemple que la désaffection des tarifs réduits est due à ce que le prix bas les influence à penser que ces pièces de théâtre ne sont, tout compte fait, que de petites œuvres dont on peut se passer en raison que le coût irrécupérable est minime : c’est comme rouler avec une belle voiture ou avec une bagnole défoncée, la belle voiture se gare avec délicatesse, pas l’autre. Etc.

    Pour le concorde, sa commercialisation à perte a servie de vitrine et de tremplin à l’aéronautique franco-anglaise ouvrant ainsi des voies nouvelles à l’aéronautique européenne.

    Bon, c’est assez simple, ce biais cognitif (les coûts irrécupérables) trouve sa réponse dans le fait que l’espoir existe plus ou moins accentué selon les individus. « pas en grande forme, à moitié malade et puis la météo s’annonce franchement pourrie » : à ce constat, ce n’est pas que le prix qui rentre en ligne de compte, mais aussi, cet indéfectible espoir qui mène à croire à une amélioration possible soit de sa santé, soit du temps. On a, ici, la démonstration que l’irrationalité est à la base de nos penchants religieux avec en ligne de mire l’espoir comme horizon ce qui est le propre d’un mortel apte à la raison ou pas.

    Bien à vous…

    • « L’exemple du théâtre n’est pas significatif, car ceux qui on payé 15 $ ne savent pas que d’autres ont payé 8 $, donc il est abusif d’en déduire que le plein tarif les fidélise plus que le tarif réduit.  »
      => Le fait de ne pas savoir qu’un autre groupe a pu avoir un abonnement à un tarif différent n’influe en rien l’expérience. C’est plutot l’inverse qui aurait faussé les résultats.

      « donc il est abusif d’en déduire que le plein tarif les fidélise plus que le tarif réduit »
      => Non ce n’est pas du tout abusif, c’est une déduction logique. Peut-être pas irréfutable mais nettement significative en tout cas.

       » Disons plutôt dans cet exemple que la désaffection des tarifs réduits est due à ce que le prix bas les influence à penser que ces pièces de théâtre ne sont, tout compte fait, que de petites œuvres dont on peut se passer en raison que le coût irrécupérable est minime
      => C’est une conclusion autrement plus tendancieuse que celle d’origine.

      « Bon, c’est assez simple… »
      => Finalement pas tant que ça non ? ^^

      • Prenez le salaire d’employés français et celui d’employés polonais, vous voyez tout de suite qu’ils ne sont pas les mêmes et tenir une comparaison entre de choses différentes n’apporte rien à part des déductions loufoques. Eh bien ! Pour les places de théâtre, on assiste au même phénomène où on s’ingénue à comparer des dissemblances pour en déduire des contrevérités.

        Mais il n’y a pas de conclusion que l’interprétation que l’on en fait, d’autres facteurs non concordant peuvent encore entrer en ligne de compte.

        Oui c’est simple pour loi ! Vous n’avez pas idée comme les choses sont simples et c’est bien parce qu’elles sont simples, qu’elles sont compliquées à transmettre ou à expliquer ou encore à défendre.

        Comme la somme est perdue et irrécupérable, cela prouve que ce n’est pas à cause de la perte ou à cause du gâchis que s’installe ce biais, mais à cause de l’existence de l’espoir qui déforme notre réalité en la refusant par le déni ou par l’arrangement. Les biais cognitifs, c’est la façon moderne de traiter la psychologie en la reliant à la physiologie, c’est déjà ce que Nietzsche prédisait à son époque.

        On donne bien des soins palliatifs à un malade perdu et irrécupérable : avons-nous pour autant un crétin de cerveau ou sommes-nous, tout simplement, seulement portés à agir selon nos sentiments.

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  10. d8eb b87f Reply

    Cette description néglige complètement la dépendance au chemin.
    Dépenser 1 million en fin de projet et 1 million en début de projet sont deux choses différentes,
    parce que le contexte change entre temps (comme dans la vraie vie) et associe des coûts différents.
    Par exemple, en fin de projet, des livrables sont attendus et non avant qu’un projet soit signé.
    Ne pas livrer un projet n’est pas la même chose que de ne pas le commencer.

    Cette vidéo ne faisant aucun cas des domaines d’application des conclusions des études citées,
    il serait malhonnête de la laissée en l’état.

    Elle enseigne des absurdités pratiques.

    Afin que les jeunes esprits qui tombent sur cette vidéo ou d’autre prennent en considération les
    conditions d’application de telle ou telle théorie, merci d’en préciser les limites.

    • Désolé, le contexte est donné, et c’est avec ce contexte que vous devez prendre votre décision. La possibilité que dans certains cas, il préférable d’injecter le million restant n’a rien a voir avec l’exemple présenté.

  11. Bonjour,

    C’est mon premier commentaire sur ton blog que je suis déjà depuis un certain temps, j’ai vu toute tes vidéos, et j’en profite donc pour te féliciter de la grande qualité scientifique et de vulgarisation de tous ton travail, même sur des sujets qui ne sont a priori pas ton domaine d’expertise. Pour anecdote, j’ai offert ton livre à ma compagne, non scientifique, qui l’a dévorée avec grand plaisir.

    Retournons à la vidéo. J’aurais quelque remarques, allant dans le sens de certains commentaires, que je vais essayer de formaliser un peu.

    Premièrement, je ne pense pas que ce biais cognitif particulier contredise l’hypothèse de rationalité économique. Pour rappel, cette hypothèse est que la relation de préférence des situations est un préordre total :
    – si A et B sont deux situations, alors soit je préfère A, soit je préfère B, soit je suis indifférent.
    – je préfère (pas strictement) A à A.
    – Si je préfère A à B et B à C alors je préfère A à C.

    Les expériences mises en avant dans la vidéo montre plutôt la difficulté d’évaluer la fonction d’utilité des gens. D’ailleurs, le biais des couts irrécupérables ressemble plus, à mon sens, à un paradoxe dans des modèles économique trop simplifiés qu’un réel biais cognitif.

    En effet, tous ces exemples sont résolubles en changeant le modèle utilisé implicitement dans les expériences.

    Dans le premier cas, l’erreur est d’analyser les résultat en utilisant une fonction d’utilité et une seule période future. L’expérience empirique contredit cette hypothèse. Le modèle est donc infirmé, et les auteur concluent à un biais cognitif. Cependant, on peut facilement trouver un modèle qui fonctionnerait dans ce cas, en ajoutant une période. A cette deuxième période future, j’ai le choix de soit faire un week-end au ski pour 200€, soit de rien faire, soit de faire de nouveau un week-end séries.

    Notons Ski_i le week-end ski à la période i, 0_i rien faire en i et Serie_i le week-end séries en i. Ajoutons aussi l’hypothèse que u(Serie_1 + Serie_2) <= 2u(Serie_1) (l'utilité marginale décroit avec le nombre de réalisation d'une expérience, ce fait est observable empiriquement). Pareil pour Ski.

    On peut trouver une fonction d'utilité telle que après la première période, si j'ai déjà skier je préfèrerais regarder des séries, et si j'ai déjà regarder des séries je préfèrerais skier.

    Le choix est donc : u(Ski_1 + Serie_2) vs u(Serie_1+ Ski_2 – 200€), et dans ce cas, il est fort plausible que je choisisse RATIONNELLEMENT de skier le week-end prochain.

    Cet apparent paradoxe est résolu en utilisant un modèle multi-période. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle à la fin de la vidéo tu es dérangé par ce « biais » : tu essaies de coller à un modèle économique simplifié (alors que c'est l'inverse qui doit se produire : le modèle économique doit coller à nos comportements, pas l'inverse).

    Ce raisonnement reste valide pour la deuxième expérience, avec le week-end à 100€ vs 50€.

    Dans le cas de l'investissement dans le projet d'avion furtif, les 2 situations sont présentés comme toute choses égales par ailleurs, or c'est soit faux, soit absurde.

    En effet, du coût passé de l'investissement, on peut inférer les revenus possible espérés.

    En supposant que l'ordre de grandeur des ROI soient le même quelque soit le projet (prenons par exemple 10% pour la démonstration) :

    Dans la première situation, j'ai prévu de dépenser 100, donc je m'attend à récupérer 110. Un concurrent arrive avec un avion mieux et moins chère. Cela n'implique pas forcement qu'il aura tout le marché, et je n'aurais peut-être que 30% au lieu des 70% prévu initialement. Les revenus espérés seront donc 0.3/0.7*110 ~ 47.

    Dans le deuxième cas, comme je lance le projet au moment ou mon concurrent est déjà sur le marché et suis prêt à mettre 10, je m'attend à récupérer 11.

    Les 2 situations, après avoir inférer des hypothèses plausibles au vu des énoncés, sont donc
    -10 + 47 vs -10 + 11.

    Il est ici évident que la première situation est préférable avec un rendement de 470% vs 10%.

    Ici le paradoxe vient du fait que l'énoncé est incomplet et que donc on se sert des données en entrée pour extrapoler le reste (et l'ODG de l'extrapolation est surement impacté par l'effet d'encrage 😉 ). Si les données étaient complétées, les résultats seraient différents.
    Dans le cas ou elles sont complétées en disant que les deux situations donneraient les même gains, les résultats d'une expérience pourraient toujours sembler paradoxale, mais proviendraient d'utilisation d'hypothèse absurde, ou du moins non naturelle (un projet à 100 qui aurait le même retour absolu qu'un projet à 10).

    Ensuite, les autres expériences peuvent être résolus en ajoutant l'hypothèse que l'utilité d'un évènement dépend de son contexte, et en particulier du passé.

    tl: dr : le biais est en grande partie juste un paradoxe économique, résolu en utilisant un modèle multi-période, en supposant que l'utilité d'un évènement est dépendante du contexte, et en complétant de manière plausible les énoncés des expériences. Une fois ceci fait,il reste certainement un biais de couts irrécupérable, mais dont l'effet est bien moindre.

    Désolé pour le pavé.

  12. J’ai un petit soucis avec certains exemples.
    On parle de coûts « irrécupérables ».

    J’admets que partir faire un voyage au ski pourri est moins bien que de rester chez soi et qu’on ne peut pas récupérer l’argent du voyage.

    Lorsqu’une entreprise se lance dans un projet de création d’un avion furtif, le coût des 90% de dépenses n’est pas irrécupérable. Oui l’argent a bien été dépensé, mais la recherche a été faite et elle a déjà produit un bon nombre de résultats intermédiaires qui peuvent être réutilisés. Mettre simplement le projet à la poubelle c’est rendre le coût irrécupérable alors que continuer le projet c’est récupérer une partie de ces coûts. Le projet existant peut servir a beaucoup de choses: faire un nouveau modèle d’avion, faire du matériel pour avion, vendre un avion (oui plutot que 10 mais c’est déjà une récupération)…

    • Le savoir-faire acquis avec la dépense des 9 premiers millions, ne sera pas mis à la poubelle parce que le dernier million ne sera pas dépensé. Les programmeurs entre autres utilisent constamment du code de projet non aboutit!

  13. J’adore ce biais cognitif ! C’est comme le raisonnement fallacieux des adultes qui disent « on a passé 20 ans de notre vie ensemble, on va donc rester ensemble même si on s’engueule chaque fois que l’on se voit !  » ^^. Et le pire, c’est que je croie que je l’applique à ma vie de tous les jours ^^. En courant après une « histoire compliquée » avec qui j’ai passé de super moment mais qui est devenu execrable depuis un an, et en voulant l’avoir de nouveau comme ami… Mais, dans ce cas, les biais cognitif ne sont-ils pas positifs ? On peut les appliquer à d’autres domaines que celui monétaire, non ? Le temps est une denrée tellement plus précieuse…

  14. Ce biais cognitif des coûts irrécupérable me rappelle cette expérience : http://monde.ccdmd.qc.ca/ressource/?id=61375 où un enfant est incapable d’apprécier les volumes. On pourrait parler de biais des « contenants ».

    J’irais donc à affirmer (à défaut de postuler) que le biais cognitif des coûts irrécupérable est dût à un manque de développement qui garde la très grande majorité des humains à un stade de développement enfantin.

  15. Michel D. Reply

    Ces « coûts irrécupérables » me semblent être l’une des conséquences – impliquant un coût – de « l’effet de gel » par lequel « les gens ont tendance à adhérer à ce qui leur paraît être leurs décisions et à se comporter conformément à elles » (Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens – Robert-Vincent Joule & Jean-Léon Beauvois – éditions PUG). Pour en savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Engagement_(psychologie_sociale). L’effet de gel, impliquant ou non un coût passé, me semble être une approche plus globale qui aurait, peut-être, mieux satisfait les lecteurs qui ont laissé un commentaire. Qu’en pensez-vous ?

  16. Pingback: Gérer ses biais cognitifs en tant que testeur – 3ème partie | | Lyon Testing

  17. Philippe Rochat Reply

    Je pense voir un coût caché dans les exemples donnés. Si c’est vrai que le consensus culturel du « faut pas gâcher » nous pousse probablement à prendre des décisions discutables, un peu comme la théorie stupide qui voudrait qu’on finisse ce qu’il y a dans son assiette parce que d’autres enfants meurent de faim dans le monde, il y a d’autres paramètres.

    Lorsque je m’engage sur un projet, j’engage ma crédibilité. Cette crédibilité a une certaine valeur que je détruis lorsque je me dédis. Ce coût est très difficile à évaluer, mais il a un impact sur la confiance et la fiabilité que m’accorde mon entourage. Dans l’exemple du week-end de ski, même si personne ne m’attendait sur les pistes, les amis que je rejoindrai pour une soirée Game of Throwns vont forcément déprécier ma cote de fiabilité et de confiance. Ce n’est pas forcément très grave, mais notre éducation comporte déjà très tôt des évaluations sur notre capacité à remplir nos engagements (parents très déçus parce que nous ne faisons pas nos devoirs… et pourtant entre faire ses devoir et une soirée Game of Throwns … !).

    Dans le cadre du projet d’avion furtif, c’est encore plus évident. L’abandon du projet va forcément créer une situation de démotivation au sein de l’entreprise et créer un déficit massif en terme de valeur, coût qui n’est pas explicite, mais qui est réel. Comme ces coûts sont incertains, mais peuvent se révéler catastrophiques, il est normal que l’on cherche à les éviter. Je pense que l’exemple du projet est encore plus démonstratif : désavouer quelqu’un d’autre est beaucoup plus facile que de se dédire, simplement parce que dans le premier cas le coût en terme de perte de crédibilité est nettement réduit.

    De manière générale nous respectons un contrat culturel qui veut que nous respections nos engagements et qui est sous-jacent à la plupart de nos décisions. Nous avons été éduqués pour cela, parce que c’est nécessaire au fonctionnement de notre société. Et la rupture de ce contrat a toujours un coût incertain mais non négligeable. Un peu comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de chacun de nous dès la naissance.

    Le cas du billet de théâtre semble échapper à cette règle. Ma fiabilité ne change pas que je perde 10€ ou le billet d’entrée, c’est tout aussi idiot dans les deux cas. Mais tout de même, c’est plus facile de dire que j’ai manqué la séance parce que j’avais perdu mon ticket que parce que j’avais perdu 10€ ou que j’ai cassé un vase en porcelaine, non ?

    Ca c’était pour la partie coût.

    Il y a aussi, à mon avis, un deuxième paramètre pour justifier de manière positive notre propension à masquer les coûts irrécupérables. Est-ce que la vie n’est pas un coût irrécupérable ? On lutte pour vivre et de toute façon finir par mourir, c’est l’absurde. Sisyphe qui roule son rocher est aussi un exemple de coût irrécupérable. On a donc besoin de dépenser des coûts irrécupérables pour vivre et c’est donc un moteur fondamental inscrit dans notre crétin de cerveau. Un moteur positif, si on y croit. Sinon le suicide devient une solution évidente pour éviter pas mal de coûts irrécupérables (donc inacceptable, Camus – Le mythe de Sisyphe).

  18. Pingback: LES COUTS | Pearltrees

  19. Pingback: Tous nos choix sont-ils libres ? Enquête sur les biais cognitifs – La Voix du Collégien

  20. Bonjour David,
    Je trouve cela affligeant de parler de Concorde comme illustrant au mieux la théorie des coûts irrécupérables.
    Concorde est le plus bel avion de tous les temps, celui de tous les reccords, et là où les soviétiques et américains ont échouer, le partenariat franco britannique a permis d’aboutir à cette merveille technologique.
    Et aujourd’hui, le problème est là. Les économistes et les ecolos rabats joie sont passés par là. Donc, on n’entreprend plus rien, on stagne, on coule même!
    Triste époque. Quand je vois la gueule de la high tech actuelle, je préfère tournernle dos.
    Putain, respect à tous ceux qui ont participer au projet Concorde!

  21. Pingback: Introduction à la Démarche Scientifique #6 – Mangayoh

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