Les recherches en sciences sociales publiées dans la revue Science ne sont pas légion, alors elles méritent bien qu’on s’y intéresse un peu !

Un article [1] paru récemment a montré par des expériences contrôlées que le fait d’écrire son anxiété juste avant un examen peut permettre aux élèves d’améliorer leurs résultats scolaires.

Cette étude menée par G. Ramirez et S. Beilock de l’Université de Chicago a consisté en deux séries d’expériences : l’une en laboratoire, et l’autre en conditions réelles.

Le stress en laboratoire

Pour l’expérience en laboratoire, les étudiants ont été invités à faire deux tests de mathématiques. Le premier test était effectué sans conditions particulières, et avait pour vocation de mesurer le niveau initial des élèves en l’absence de stress.

L’objectif du second test était d’évaluer la performance en situation de stress. Mais ça n’est pas si simple de recréer une situation de stress dans une expérience de laboratoire. Alors les auteurs n’y sont pas allés avec le dos de la main morte.

Tout d’abord ils ont dit aux étudiants qu’ils recevraient une récompense monétaire s’ils réussissaient bien. Ensuite ils leur ont fait croire qu’ils étaient filmés, afin que des profs et d’autres élèves puissent plus tard voir la vidéo et juger leur performance.

Et pour couronner le tout, les auteurs ont également ajouté un élément de pression sociale façon « serez-vous le maillon faible ?» : à chaque élève on a fait croire qu’il faisait équipe avec un autre, tout en lui indiquant que l’autre avait déjà bien réussi et que la réussite de l’équipe ne dépendait plus que de sa prestation à lui.

Ecrire son anxiété

Pour le test en condition de stress, les cobayes ont été divisés en deux groupes : le groupe « de contrôle » qui passait le test normalement, et le groupe « d’écriture expressive », à qui on demandait 10 minutes avant d’écrire sur une feuille ce que l’épreuve lui inspirait. Beaucoup d’élèves ont bien sûr écrit sur la peur qu’ils avaient de rater le test.

On a ensuite comparé les résultats du premier et du second test pour chacun des deux groupes. Dans le groupe de contrôle, la performance au test « sous stress » est significativement inférieure à celle du premier test. En revanche pour le groupe « écriture expressive », les résultats du second test ont été légèrement meilleurs que ceux du premier.

Pour confirmer que le bénéfice venait bien du fait d’écrire au sujet de son stress (et pas du fait d’écrire en général), les auteurs ont réalisé une deuxième expérience de labo où un troisième groupe avait pour mission d’écrire sur un sujet quelconque sans rapport avec le test. Ce troisième groupe a autant subi l’impact du stress que le groupe de contrôle.

Les résultats des deux expériences sont résumés dans la figure ci-dessous tirée de l’article.

Le test grandeur nature

Pour tester leur hypothèse en conditions réelles, les auteurs ont réalisé deux études sur des collégiens pour un examen de fin d’année en biologie. Tout d’abord, six semaines avant l’examen, les élèves ont du remplir un test composé de questions visant à évaluer leur propension naturelle à l’anxiété.

Le jour J, juste avant l’examen, on a demandé à la moitié des élèves d’écrire leur anxiété et à l’autre moitié d’écrire sur un sujet de leur choix. Les résultats à l’examen qui a suivi ont été analysés en fonction du groupe mais aussi de la mesure de l’anxiété naturelle faite 6 semaines plus tôt.

Les résultats montrent que pour le groupe de contrôle, il existe une corrélation (négative) entre le niveau d’anxiété et la note obtenue, alors que pour le groupe « écriture expressive », cette corrélation est détruite. Ecrire son anxiété permet donc bien de réduire l’impact négatif du stress sur la performance aux examens.

Plus spécifiquement, si l’on répartit les élèves en deux groupes « Forte anxiété » et « Faible anxiété », on constate que l’impact de l’écriture est négligeable pour le groupe des élèves naturellement peu anxieux, mais qu’il est très significatif pour les élèves naturellement anxieux.

Des volontaires pour tester ?

Bien sûr l’hypothèse testée par les auteurs n’a rien de miraculeuse. Elle est toutefois contre-intuitive puisque l’on considère en général que ruminer son anxiété n’est pas la meilleure manière de le traiter. Mais si l’on en croit ce résultat, l’écriture peut vous aider à vider votre tête de son stress, en particulier si vous y êtes naturellement sujet.

Si vous êtes anxieux et que vous testez la méthode, n’hésitez pas à témoigner, voire à nous envoyer vos textes !

[1] G. Ramirez and S. Beilock, Writing about testing worries boosts exam performance in the classroom, Science 331, p211-213 (2011)

11 Comments

  1. Juste un mot : college est un faux ami…

    Merci d’avoir attiré mon attention sur cet article, je tiens une partie de mon sujet d’examen 😉

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  3. J’ai fait faire le test à mon fiston qui panique pour ses examens (il est en seconde) en espérant que cette méthode puisse l’aider. Résultat: 2,5 / 20 échec complet 🙁
    Va falloir trouver autre chose!

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  9. Moi, lorsque je me sens angoissée ou inquiète, j’écris. J’ai pris cette habitude depuis l’âge de 14 ans. Il y a des choses qu’on ne peut pas raconter aux autres, mêmes à ses meilleurs amis. Parfois on n’a pas envie de dévoiler aux autres notre peur de passer l’examen. Lorsqu’on écrit, on transmet sur le papier toute l’énergie négative et tout le mal qu’on pressent. Plus on écrit, plus on se sent mieux. Ecrire réduit l’angoisse, l’anxiété. Ça nous permet de mieux nous connaître et de ne pas amplifier les choses… Cette méthode soulage au vrai sens du terme avant un examen, avant un entretien d’embauche, avant une rencontre, avant une prise de décision difficile….

  10. Haa… ces magnifiques graphiques avec des ordonnées commençant à 60-65, cela fait plus impressionnant que de 0 à 100 (tant pour la penre de la courbe que pour la mesure de l’écart de l »accuracy). Nombres de journaux (Nature compris) sont censés demander de revoir cette présentation.

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